Quand le flou rencontre le net

Séance du 14 avril 2022, ENSAV, salle arts du spectacle, 14h-17h

Pascal Martin est Professeur des Universités, à l’École nationale supérieure Louis-Lumière. Il y enseigne l’optique appliquée dans les spécialités photographie et cinéma depuis 1984, il est le garant scientifique du master photographie et assure la responsabilité du laboratoire d’optique appliquée. Parallèlement, il est intervenant à la FEMIS depuis 2005. Il a collaboré à différentes revues professionnelles et a été désigné à différentes reprises Expert près des tribunaux. Ses travaux de recherche sur le flounet de profondeur tentent de trouver des outils pratiques et théoriques afin de renforcer la connexité des champs techniques, esthétiques et sémantiques de l’image. Il a participé également à des projets de recherche public-privé comme Action 3Ds autour notamment du cinéma en relief. Il est membre du laboratoire Paragraphe EA 349 de l’Université Paris 8.

Vous êtes en train de lire ces quelques lignes (nous vous en remercions…), puis vous tournez la tête et regardez un objet plus éloigné. En théorie, si vous n’avez pas de défauts visuels, ce que vous observerez restera net sans que vous ne fournissiez un effort particulier et sans que vous vous posiez la moindre question, c’est logique puisqu’il s’agit d’une fonction naturelle qui n’est autre que l’accommodation.

Pourtant c’est tout un processus complexe qui a été mis en œuvre, un réflexe fovéal a envoyé des informations au muscle ciliaire qui a son tour les a répercutées sur les zonules de Zinn, ces petits tendeurs qui ont modifié la cambrure du cristallin permettant à cette nouvelle image de se former toujours au bon endroit, c’est-à-dire sur votre rétine.


Répétons maintenant la même opération mais avec une caméra, il faudra déterminer a minima deux distances de mise au point et modifier ce réglage de façon continue, c’est-à-dire en réalisant cette bascule qui accompagnera le mouvement d’appareil de prise de vues pendant son déplacement. Ce qui est naturel physiologiquement demande un savoir-faire et une maîtrise particulière de toute une technologie en amont et en aval du plateau.

En contrôlant ainsi ce que l’on veut voir net sur l’écran, on donne du sens à ce qui est flou. Ces deux notions ne sont pas antagonistes mais complémentaires. Le néologisme flounet de profondeur est donc un concept à part entière, au centre de la rencontre et permet à Pascal Martin d’aborder à travers la technique, la narration et l’esthétique la question du net et du flou au cinéma.

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