Les effets spéciaux au cinéma. 120 ans de créations en France et dans le monde

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L’ouvrage : Les effets spéciaux au cinéma. 120 ans de créations en France et dans le monde, par Réjane Hamus-Vallée et Caroline Renouard, Armand Colin, « Cinéma/arts visuels » vient de sortir. Retrouvez ici le flyer

Dès sa naissance, l’industrie du cinéma rivalise d’audace pour exprimer les idées visuelles les plus singulières en concevant et en expérimentant des effets spéciaux spectaculaires qui marquent le spectateur, conscient et souvent ravi de leurs présences. Or, les dinosaures, superhéros et autres sorciers ne constituent qu’un pan du champ des effets spéciaux. D’autres trucages, imperceptibles pour le public servent aussi à optimiser un budget décoration, à contourner des contraintes logistiques, à contrôler les aléas d’un tournage…

Cet ouvrage offre un éclairage inédit sur 120 ans de créations à travers le monde, notamment en France où originalité et inventivité sont de mise, et en questionne les enjeux technologiques, esthétiques et économiques. Une référence indispensable pour l’étudiant ou le lecteur curieux de découvrir ces univers fertiles et passionnants, et de revisiter le cinéma sous un nouveau jour.

Le projet de recherche

La création collective au cinéma :

Coopération et création collective au cinéma : l’équipe de film

Qu’est-ce qu’une équipe de film ? Ce programme de recherche vise à analyser le champ des formes de coopération dans la création cinématographique et audiovisuelle. Ce champ va aller d’une pratique dite « auteuriste », c’est-à-dire une gestion personnelle des étapes de production d’un film et des tâches de réalisation, jusqu’à un fonctionnement industriel – soit une organisation collective et une division stricte du travail de production et de postproduction. Loin de chercher à maintenir l’idée illusoire d’une opposition entre ces deux pôles dans le champ de la création, il s’agit au contraire de mettre en lumière la complexité, la variabilité et la richesse des formes de coopération présentes au sein des équipes de film.

À travers un travail de collecte de témoignages et d’observations comparées des pratiques de production existantes dans le monde, ce programme vise à éclairer les différents mécanismes de collaborations, rapports de forces, arbitrages qui sous-tendent, organisent et façonnent les modalités d’organisation du travail collectif. On s’efforcera, notamment, de mesurer le poids des différents déterminismes (techniques, politiques, sociaux, culturels, et pas seulement économiques…) dans l’évolution des pratiques de travail collectif.

Nous nous proposons de questionner plus particulièrement la notion de collectif cinématographique dans son rapport à la création. Si, dans ce qui est maintenant une tradition culturelle française soutenue institutionnellement et équipée juridiquement, l’acte de création cinématographique est habituellement réservé à l’auteur entendu comme étant le réalisateur, l’évolution de l’industrie cinématographique conduit aujourd’hui à valoriser, y compris en France, la place et le rôle des partenaires de l’expression (scénaristes, acteurs, opérateurs, décorateurs, techniciens du son, monteurs, producteurs, etc.). La coopération nécessaire à la genèse et à la réalisation de l’œuvre cinématographique commence ainsi à être largement prise en considération. À l’exploration des traces du travail de l’auteur se combine de plus en plus souvent l’exploration des modalités de coopération technique qui, hier comme aujourd’hui, lui ont permis de réaliser une œuvre, qu’il la revendique en son nom propre ou qu’elle prenne la forme explicite d’une collaboration. Le programme de recherche proposé portera donc sur l’articulation entre créativité stylistique et organisation industrielle, investissement personnel et fonctionnement du collectif cinématographique, singularisation esthétique et répétition technique.

Cette réflexion pourra se déployer dans plusieurs directions, notamment :

– Création collective et organisation industrielle :

Les travaux fondateurs de Bordwell, Staiger et Thompson, prolongés notamment par ceux d’Allen et Gomery, ont décrit avec précision les principales évolutions dans les modèles d’organisation des studios hollywoodiens à l’âge classique. Si ces travaux ont permis d’appréhender les structures qui organisent la production, il leur a souvent été reproché d’ignorer les spécificités de la production d’un objet artistique. Qu’il s’agisse des studios hollywoodiens ou d’autres structures de production industrialisée comparables, l’analyse du fonctionnement concret des équipes de création, ainsi que l’observation des interactions entre les différents créateurs, devraient permettre d’offrir des éclairages sur l’apparente contradiction entre standardisation des pratiques et création artistique. Ce travail permettrait notamment de réinterroger l’idée, aujourd’hui largement partagée, d’«industrie du prototype» : la standardisation des pratiques collectives doit-elle être nécessairement pensée en tension avec la singularité de l’œuvre d’art ? Symétriquement, peut-on vraiment considérer que le workflow normalisé laisse toujours une place à l’unicité du prototype ?

 

– Équipes et métiers :

S’inscrivant implicitement ou explicitement dans la lignée de la sociologie américaine des arts — Howard Becker, Les mondes de l’art, 1982 — et des professions — Andrew Abbott, The System of Professions. An Essay on the Division of the Expert Labor, 1988 — les récents développements de l’histoire socio-technique des métiers du cinéma ( voir notamment, en français, le n° spécial de 1895 « Pour une histoire des métiers du cinéma, des origines à 1945 » et le n° 155 de CinémAction « Les métiers du cinéma à l’ère du numérique », ainsi que les webdocumentaires réalisés pour l’Observatoire des métiers de l’audiovisuel et le Centre Pierre Naville) –– ont largement démontré le caractère éminemment instable et fluctuant des découpages par métiers. Dans quelle mesure ces reconfigurations permanentes induisent-elles des recompositions des logiques collectives ? Peut-on imaginer une histoire de l’équipe de film ?

Cette instabilité conduit également à cette certaine confusion, le même terme pouvant désigner des réalités très différentes selon les pays ou les époques. Dans une perspective comparatiste, nous nous proposons d’appréhender cette hétérogénéité en faisant dialoguer des spécialistes d’époque et d’espaces divers, afin de voir s’il est possible de faire émerger des modèles, ou encore de périodiser les différentes modalités de fonctionnement du collectif filmique.

Nous proposons également de nous interroger, sur la façon dont sont montrés à l’écran le travail collectif du cinéma et la notion d’équipe de film. Ainsi nous nous pencherons sur les mises en abyme de la fabrication de films dans les films mais aussi sur les génériques, qui mettent en évidence une structure hiérarchique et collaboratrice.

– Équipe et auteurisme :

La tradition française tend à donner au seul réalisateur la qualité pleine et entière d’artiste, les autres membres de l’équipe de film étant plutôt désignés comme des « collaborateurs de création », reconduisant ainsi tacitement l’idée du réalisateur-auteur ; parallèlement, d’autres propositions s’emploient à valoriser tel ou tel membre de l’équipe créative (« l’acteur-auteur », par exemple), voire le système de production lui-même (les théories du « studio-auteur»). Comment penser l’articulation entre la dimension collective de la création cinématographique et l’idée que l’œuvre serait le produit d’une vision singulière ? Ce travail cherchera également à faire émerger la façon dont les professionnels de cinéma envisagent eux-mêmes la notion du collectif, de la responsabilité partagée et du travail en groupe.